Plus que visiter des lieux (ou voir de nos yeux ce que les guides et documentaires d'Arte nous montrent déjà très bien... ) notre voyage nous emmène dans le monde de l'holistique, le tout relié, le Un unique mais fait du Tout.
Le battement d'ailes du papillon, les fées, les sorciers, les chamans, les esprits, les ondes, l'invisible, les amulettes, les pierres précieuses, les métaux porte-bonheur, les prières, les incantations, les rencontres magiques, les coïncidences, les hasards, les déjà-vus, les pensées créatrices, les encens et les bougies, les dieux et gurus, les prémonitions, les superstitions, le divinatoire...
Avouons qu'en Inde, il n'a pas été si facile que ça pour nous de dire Namasté en joignant nos mains sur le coeur... on avait juste envie de répondre "bonjour Robert" comme dans le jeu.
Et puis la magie de l'imprégnation, de l'intégration ont fait leur effet.
L'inde nous touchait plus que ça, ses légendes, ses croyances, ses histoires, ses mythes nous parlaient. Nous faisions des ponts entre les Grecs, les Romains, les Polynésiens, les Berbères, les Gitans.
Depuis l'Inde nous savons que nous sommes sur le bon chemin et nous démêlons les noeuds.
Et depuis notre arrivée en Thaïlande tout s'accélère.
Vous avez déjà vécu un événement marquant et puis avec du recul vous vous êtes dit, qu'il y avait vachement de coïncidences quand même juste avant?
A l'endroit comme à l'envers, l'histoire de Marin est complètement hallucinante.
Samedi, ça faisait 5 jours que nous étions en Thaïlande et je dis aux enfants que nous allons voir le marché des amulettes, un des plus grands marchés aux amulettes au monde (en même temps, c'est une histoire de croyance et de fabriquant, en Thaïlande ce sont les moines qui les fabriquent et les bénissent).
Mais nous reportons au lendemain car le grand marché de Chatouchak ouvre le WE seulement. Nous voulons nous y rendre avec Alyette une des nombreuses belles rencontres que nous faisons à Bangkok (depuis cette dernière semaine, nous rencontrons un grand nombre de personnes extrêmement complices avec nous très rapidement, le courant passe comme s'il était passé depuis longtemps déjà).
A ce marché immense, dès l'entrée, nous trouvons quand même des vendeurs d'amulettes, c'est un peu le "truc" du pays.
Les enfants farfouillent et finalement c'est Marin qui trouve une amulette, un tout petit cobra. Il n'y en a qu'une, il l'achète.
Le soir même, nous disons au revoir à Alyette. Les aux revoirs c'est toujours dur pour moi... mais on garde contact pour bientôt, elle ne quitte pas la Thaïlande tout de suite.
Le lendemain, Dimanche, le premier réveil réveille les autres, c'est jour du marche aux amulettes . C'était promis, on fonce, en tail-boat (le bus bateau sur le fleuve qui est incontournable).
Nous y avons passé la journée!
Qu'est-ce que nous cherchions?
Pratiquement les seuls touristes dans les allées du marché couvert. Nous avons plus que farfouiller.
Les spécialistes sortent leur loupe pour observer l'inscription, le détail, l'amulette parfaite.
Il faut quand même préciser qu'en Thaïlande la croyance est très forte quant à la protection qu'apportent ces objets.
Les moines (ceux habillés en orange) les fabriquent, méditent dessus, leur donnent une attention, des fois très forte et les vendent.
Luís a beaucoup hésité, nous aussi. Marin a choisi consciencieusement tous les petits animaux qui allaient accompagner son serpent.
Le soir nous sommes rentrés à la Ghesthouse et les enfants du quartier se baignaient dans le canal qui longe le parc et le jardin, juste entre les 2 écluses. Chacun fait ce qu'il veut, mais j'ai refusé que Marin et Luís se baignent aussi...
Comme c'était très familial, nous avons laissé les garçons pêcher et jouer sur les ponts.
Pendant ce temps je faisais connaissance avec Doudou, une jeune française qui vit la moitié de l'année en Thaïlande avec son chéri, depuis 4 ans. Elle parle Thaï, et elle connaît très bien Bangkok. Nous rigolons un moment. Les enfants nous tournent autour, l'heure des moustiques arrive, nous nous apprêtons à partir manger.
Mais la vie en a décidé autrement
Marin arrive en trombe... Il hurle... il vient de se faire mordre par un serpent.
Notre première pensée à tous et à lui aussi, c'est "pourvu qu'il ne soit pas mortel".
C'est à ce moment précis que les Thaïlandais autour de nous se sont activés comme jamais, sortant de l'ombre et du barrage de la langue.
Doudou faisait l'interprète, Ben dans la chambre entendant le truc me jète l'aspivenin.
Un gars dit à un autre de nous accompagner pour chopper un taxi "Quick Quick".
On comprend qu'il faut partir immédiatement.
Un femme à l'allure d'une indienne me tend du Rescue, comme un ange. Marin et moi en prenons une grosse pipette.
Le Thaï pique le taxi d'un gars (qui comprend), il explique au taxi de nous envoyé illico au plus proche "hospital emergency". Le taxi ne nous fait pas payé, il est autant touché que nous et fait l'interprète pour qu'on nous prenne en charge "Quick".
Tous ces gens auront participé à la survie de Marin.
Je vous passe les détails du "on a testé pour vous l'assurance accident en voyage". Ça marche très bien, aujourd'hui nous sommes dans l'hôpital le meilleur de l'Asie du Sud-Est, accueillant les Emirs et enfants d'Emirs, Petit palace médicalisé.
Marin a été mordu par une vipère verte. Le serpent ne mord pas tout seul, il a du avoir peur ou a empêché Marin d'aller voir plus loin.
Il a un venin hémotoxique, c'est à dire qu'il attaque les plaquettes.
La prise en charge a été immédiate et l'anti venin a fait effet.
L'aspivenin a aspiré pas mal aussi.
Il reste en observation plusieurs jours. Il est hors danger.
Pendant ce temps, nous avons parlé de l'amulette serpent.
C'est là qu'il faut vivre ici ou connaître les pratiques pour être sensible à ce que je vais raconter.
Plutôt que d'en vouloir au serpent, plutôt que d'être traumatisé par les serpents ou de développer une phobie comme Indiana Jones, nous reconnaissons que cette histoire était écrite. Qu'il n'y a pas de hasard et que Marin a choisi l'amulette pour se protéger.
Aujourd'hui Marin est comme immunisé, pas d'allergies, et en croyant voir sa mort venir ressort de cette aventure plus vivant que jamais. Vif, fort, calme, posé.
Il a vécu comme ce genre de rituel que les enfants de certaines tribus pourraient subir à la puberté (en résumant grossièrement).
Merci à toutes les femmes qui ont été là de loin mais de si près pour les soins de Marin d'eau douce. Présentes à l'appel immédiatement, vous le saviez déjà, de loin vous le sentiez depuis quelques jours. Votre énergie de femmes médecines, ensemble, additionnées, se sont reliées à nous. Ce moment restera gravé. Merci pour cette synchronicité, Isa, Alyette, Lyz et sûrement toutes les autres qui ont du avoir les antennes qui chatouillaient.
Bientôt 11 ans, appelé par son animal totem.
Le pays est bien choisi, c'est justement ici qu'il y a les souches des anti venins. La Thaïlande est le pays où il y a le plus de serpents. Mais les morsures restent rares (0,02% de chance de se faire mordre...). Les serpents ne sont pas méchants, n'attaquent pas les humains, sauf... comme les abeilles, en cas de danger. On est loin du frelon asiatique ou du moustique tigre, qui font vachement plus de dégâts.
Juste avant d'être transférés dans cet hôpital international, nous étions dans un hôpital de district. Ils ont eu le courage de nous prendre en charge alors qu'ils ne parlent pas anglais, n'ont pas l'anti-venin, se retrouvent avec des papiers d'assurances étrangères ingérables, en pleine crise d'urgence avec un enfant français sur les bras qui vomit et qui ne doit surtout pas s'endormir!
Du coup merci Aom, petite infirmière mega pro qui a su tout traduire grâce à son google translation!
Elle a été super présente et super efficace.
Pardon aux autres de ne pas vous avoir prévenus autrement que via ce site. Mais nous préférions nous concentrer sur les soins et pas passer notre temps au tel.
Notre grand Marin Bienvenu parmi nous!
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