Nous ne pouvions pas être venus ici, à la Réunion, sans grimper au sommet du Grand Piton de la Fournaise! Le grand Volcan de l'île!
Malheureusement, nous n'aurons pas l'occasion de le voir en pleine activité, juste des petits fumerolles, au fond de son cratère.
La montée jusqu'au Gîte du Pas de Bellecombe est déjà énorme, surtout avec la petite Twingo que Pierre nous prêtait. Elle aura fait plus de kms avec nous que durant toute sa vie. On lui a fait voir tous les coins de l'île. Elle a su rester fidèle à nos plans.
Le gîte se rattrape depuis le Tampon, en suivant la route le paysage change, devient plus vert, plus grand et très rapidement (1h plus tard, en fait. A la Réunion on se fait 1h30 de route les doigts dans le nez. Quand on a pris l'habitude, c'est du gâteau), le paysage disparaît dans le brouillard, réapparait, re disparait...
Oh, mais voilà le Piton des Neiges au loin! Et dire qu'on était là-haut!
Tout à coup, le brouillard s'est dissipé, nous étions au-dessus, sur les routes des sommets, seuls au monde, au milieu de l'Océan Indien.
La route continue, devient chemin en gravillon.
Grande surprise, le gîte de montagne du Volcan est en fait une superbe maison immense, entourée de haies taillées en lettre "Bienvenus au gite". A côté des gîtes du cirque de Mafate ou du refuge du piton des neiges, celui-ci nous accueille comme un oasis au milieu du paysage lunaire.
Le feu, la lave ont bien ravagé tout le vivant ici, mais les propriétaires du gîte n'ont rien voulu entendre, ils ont planté d'arrache pied pour recouvrir le sol d'une épaisse pelouse.
Rebelotte pour les enfants: cabrioles et roulades jusqu'à l'heure du repas.
Pendant que nous nous exclamons, Ben débute un je ne sais quoi de fatigue mélangé à de la fièvre...
Gloups, il tombe malade quelques heures avant de faire notre ascension.
"-Donne moi un doliprane" (voix rocailleuse qui annonce la suite)
Nous, on se prive pas, on mange, on boit, on rigole avec les autres randonneurs. Ça ne sent pas le rougail saucisse et les chambres sont dans un autre bâtiment plus bas.
Chance, c'est encore la nuit des étoiles filantes, on se cale encore un peu pour faire des voeux. Mais le coucher approche et nous devons nous lever, encore une fois à 2h30 pour pouvoir voir de nos yeux le lever du soleil.
Ben dort déjà, il est brûlant...
2h30, le réveil sonne. Ben prend ses affaires et décide de venir avec nous malgré sa fièvre. (Quel héros encore une fois)
Les enfants et moi partons devant, on le motive, on l'attend. C'est une nuit sans lune, les frontales n'éclairent juste que les petites marques blanches au sol peintes sur les petits bouts de lave.
Oh, un escalier !
Vue tout ce qu'on descend et qu'on ne voit pas, je me dis qu'on va quand même en baver demain pour la remontée.
Tout le long j'ai mon schéma en tête de la courbe d'altitudes. On est sensé monter à un moment. On devine le volcan mais on ne voit presque rien. Les blocs de laves sont tantôt penchés à droite tantôt à gauche. On se tord pas mal les chevilles, mais comme des acharnés on marche droit devant nous. Des fois, nos lampes éclairent d'autres petites tâches blanches... mais ce ne sont que des mouchoirs des "coins pipi ou plus" qui traînent.
Le soleil derrière l'horizon commence à éclairer le ciel. De loin, d'en haut, l'horizon de l'Océan paraît plus haut et nous commençons à croire qu'il y aura une couche de nuages qui nous gâchera notre lever.
Je n'ose pas donner la bonne heure à Ben pour ne pas le décourager. On n'a fait que la moitié du temps...
On se déshabille, il commence à faire chaud en plein effort, même de nuit à 2300m d'altitude.
Je n'en reviens toujours pas, nous sommes sur le flanc du volcan, nous arrivons sans savoir où nous sommes.
Les garçons transformés en chèvres pendant la nuit, nous ouvrent le chemin. Ils sont encourageant, plein de bonne humeur.
5h, nous approchons du sommet, la lumière est déjà forte, le soleil n'est pas levé. Nous ne sentons pas la montée, elle est douce, elle serpente, nous contournons le cratère.
5h30, le soleil pointe son premier rayon. Ce n'étaient pas les nuages à l'horizon, juste l'horizon lui-même très haut dans le ciel vu notre altitude.
Nous sommes entourés de laves solides. Le sommet est là. 8 personnes sont là aussi, au rdv.
Rafale de photos.
Finalement nous nous approchons du cratère, le soleil nous éclaire, nos yeux s'habituent à la douce lumière.
Plus d'1km nous sépare de l'autre rive, 3500m de profondeur. On est tous comme les enfants, on jette des cailloux pour entendre le bruit au fond... mais personne n'arrive à atteindre le cratère lui-même. Il paraît petit, mais le vol du caillou nous remet les dimensions en tête.
Ben s'est allongé. Il dort.
Nous sommes restés contemplatifs pendant 1h30 tout là-haut.
Mais la raison nous fait reprendre nos sacs.
Il nous faudra autant de temps pour redescendre et... remonter.
La surprise c'est qu'en pleine nuit nous n'avions pas perçu le terrain...
De jour, après avoir contourné le volcan, nous avons eu un autre spectacle.
L'énorme ravine, plaine de lave, devant nous, en plein soleil, noire, en contrebas du "mur" du Pas de Bellecombe, qu'il va falloir traverser.
Splendide, mais le temps tourne, le soleil chauffe et les nuages arrivent, bientôt ils nous recouvrerait. Nous accélérons le pas et en bas du mur... nous nous rappelons de cet immense escalier que nous avions descendu...
Courage Ben, tient toi à la rambarde.
Plus tard, quand nous étions tout en haut enfin, entrain d'attendre Ben, nous voyions les familles descendre vers 10h... J'ai pensé à eux, à la chaleur puis aux nuages qui allaient gâcher leur vue...
Et j'ai été fière de faire partie de la famille courageuse qui s'était levée à 2h30 pour vivre l'inoubliable.
Ben a eu 2 jours de mou ensuite, une angine bien comme il faut.
Ça nous a permis de se reposer aussi, on en avait plein les pattes.
Et puis nous avions Noël à préparer, et ça c'est une autre histoire à lire plus tard!