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Ce matin dans mon bain il y avait une raie


Je trouvais ça barbant d'écrire à propos de notre quotidien. Ça aurait pu l'être !

Quand on a eu à faire toutes nos démarches administratives polynésienne, en plein dedans, devant tant de paperasses, nous ne trouvions pas l'affaire très intéressante.

Avec du recul, cette expérience d'installation pourrait servir à tout le monde.

(Et puis vous êtes tous tellement loin, vous nous manquez tellement, que je suis prête à tout pour vous simplifiez vos démarches de déménagement.)

1- Installation

L'affaire est très simple, il nous a fallu:

- Ouvrir un compte bancaire tahitien

- Nous inscrire à la CPS (CPAM locale)

- Renoncer à ses droits CAF de France

- Nous déclarer aux impôts tahitiens pour ouvrir des droits d'auto-entrepreneur

- Inscrire les enfants à l'école

- Désinscrire les enfants de l'éducation nationale

- Faire des certificats médicaux chez le Taote (doc)

- Prendre des assurances locales (et résilier les assurances françaises pour décembre d'après)

- Acheter une carte de tel, puis choisir finalement un abonnement

- Acheter un boîtier wifi transportable partout (et donc sur le bateau)

Bien sûr, ce sont d'administrations dont on parle mais elles ne sont pas toutes publiques. Ici la santé est géré par un organisme privé, ça ressemble au RSI en autant rocambolesque.

C'est le chat qui se mort la queue, ou le serpent... on ne sait plus au bout d'un moment.

Sans voiture, c'est l'aventure, alors en rajoutant la voiture il y a d'autres étapes.

- Attente de 2h et plus aux affaires des transports terrestres pour carte grise à Tahiti

- Donc, petit voyage sur l'île "mère"

- Retour assez cher avec la voiture dans le ferry

- Attente de la carte grise (ça fait 6 mois que nous attendons que ce petit papier retraverse vers Moorea)

- Assurance du véhicule évidemment.

En habitant sur un bateau, l'aventure est :

- De prouver qu'on habite bien quelque part

- C'est de donner la bonne adresse (le bon PK: Point Kilométrique) au chauffeur de Bus, à la direction de l'éducation pour l'inscription aux bons établissements.

- De trouver les bonnes pièces de rechange, le bon matériel... pour les petits travaux

- De remplir nos cuves d'eau potable et douches ( à raison de 50l tous les 2-3 jours selon les pluies)

Et puis il y a la poste (l'OPT)...

Pour avoir une boite postale il faut :

- Mendier devant le guichetier toutes les semaines

- Être là le 1er août au petit matin pour récupérer une boîte parmi celles qui sont fermées fin juillet

Et il y a la douane...

- Nos colis s'arrêtent sans exception au Scan de la douane qui s'en mettra plein les poches s'ils découvrent des choses intéressantes pouvant avoir une valeur dépassant 166€ (20000 FCP)

- Si la valeur dépasse les 50000 (416€), nous devrons prendre un expert douanier privé pour définir avec lui la somme à payer, enfin, c'est lui qui va définir...

Avec du recul, 8 mois après avoir posé nos premiers pas sur le territoire de Polynésie Française, je me dis que ce n'était pas si difficile que ça, sûrement beaucoup moins difficile que de s'installer en France quand on arrive d'un pays d'Orient ou d'Afrique.

2- Dans mon bain tous les matins

Nous ne nous rendions pas compte de notre marginalité.

Nous arrivions d'un an et demi de voyage, tout juste remis de notre aventure thaïlandaise. Comme à l'entrée dans chaque pays, nous étions un peu dans une position d'imposteurs, assez humbles, et devant ce nouveau projet de navigation, encore plus humbles, même minuscules devant tant de choses que nous ne connaissions pas.

Nous ne pouvions plus partager sur ce site autant d'incertitudes.

Nous achetions quand même ce voilier, nous adaptant à toutes sortes de nouvelles choses:

- Eau du robinet non potable, donc bidons de 5l à remplir à la source

- Cuves d'eau douce pour se rincer après lavage à l'eau de mer

- Petits espaces, chaque chose à sa place

- Douches sur la jupe arrière, nous obligeant à revoir notre pudeur

- installation plus ou moins fixe dans un lagon (comme des gens du voyage qui s'installent au bord de la Durance)

- Trajets en annexe, atterrissage à un quai, car pour rejoindre la terre, il faut trouver un coin public, ce qui n'est pas évident en Polynésie.

- Puis trajets en voiture

Et enfin l'essentiel, l'apprentissage:

- La navigation à la voile pas loin

- Les manoeuvres

- La gestion de notre mal de mer intempestive

- Les traversées, petites d'abord, et hauturières ensuite (ouf, merci Marco!)

...

à force, à force, on s'est senti confiant.

Confiants dans notre façon d'être sur le voilier, dans le lagon, entre les 2 îles, en snorkeling...

Jusqu'au jour où nous n'avons pas vu le problème, d'être trop confiants.

Oups, désolés Gilou!

Nous sommes tombés en panne de moteur au moment où nous pensions ne pas mettre les voiles, pour longer, celle que nous appelons "notre île".

Moorea c'est tellement devenu "la Maison", qu'on n'a pas vu le danger.

Mais la mer c'est la mer et encore plus dangereuse au bord du récif.

Devant la panne et la surprise, devant la conclusion que nous n'étions que des débutants de seconde classe, devant mon incompétence et devant la honte d'avoir joué aux grands... je me suis écroulée.

Peur panique...

Je pensais: "ça va, t'aurais pu te maîtriser", "c'est plutôt mal parti face aux dangers", " il va falloir que tu te fasses soigner"...

Tout ça, j'y pensais quand j'étais consciente à l'intérieur de mon corps inerte.

Ben a flippé de me voir comme ça.

Les enfants avaient la frousse, donc mal de mer.

Nous avons été dépannés par des pêcheurs et des pompiers.

Plus de peur que de mal évidemment.

Radio cocotier oblige, tout le monde est au courant très vite.

J'avoue que j'ai passé un certains temps avec l'envie de m'enterrer dans une caverne très profonde.

Nous n'étions plus dans la discrétion...

J'aurais préféré briller pour mes talents...

Quelques jours plus tard, nous partions avec nos téléphones portables dans notre sac étanche, pour une journée snorkeling. La journée fût merveilleuse, entourés d'amis et de belles choses.

La vie nous a remis une bonne claque "on n'a pas besoin des téléphones en faisant du snorkeling enfin!"

Et bim, la poche n'était pas étanche, et nous disions au revoir aux portables, avec ça.

Encore quelques jours plus tard, Gilou, venu pour les vacances de Noël, repartait, emportant avec lui, tout ce qu'il représentait:

- Notre amitié

- Tous les autres amis

- Le lien avec la France et plus particulièrement avec le 04

- La mentalité bien de chez nous et surtout notre humour très français

...

Quand le ferry est parti nous nous sommes écroulés.

Dans mon bain du matin, dans le lagon, il y a des raies, des tortues, des requins pointes noires, des ature et des poissons-perroquets, ... c'est pas banal et c'est plutôt joli.

C'est merveilleux même et certains jours, je me dis que je ne suis pas prête de m'en lasser.

Sauf que...

3- Il y a des jours...

Il y a des jours, je me sens tellement marginale ici, tellement dans l'adaptation, tellement dans l'obligation de me dépasser encore et encore, que j'en fatigue.

J'aimerais me blottir dans les bras de vous tous mes amis, respirer vos odeurs, vous entendre, rire de vos délires.

Et Il y a des jours où tout va bien, où je regarde à quel point les enfants ont grandi, à quel point ils se sont épanouis, à quel point il est formidable de vire avec une piscine autour de la "maison".

Il y a des jours où tout ce que j'entreprends à l'école me renvoie un sentiment de satisfaction complète.

Où quand je rentre au bateau et que je rejoins Ben le capitaine du voilier, je me dis, que j'ai une "putain de vie d'aventurier" avec lui et qu'il a vraiment du culot d'entretenir ce projet au beau milieu de l'océan Pacifique.

Il y a des jours où je regarde notre départ le matin du bateau avec un regard extérieur, je vois 4 chevelus bronzés en tongs et en short, partant à l'école en bateau, rejoignant des copains géants à l'école. Je regarde les copains et copines des enfants et je me dis que c'est beau le monde de Vaiana.

Il y a des jours où je regarde les amis que l'on a autour de nous... et je me dis qu'il n'y a pas de hasard.

4- Hier

En rentrant du travail hier, Ben m'a proposé de me faire ce qu'il avait fait aux enfants.

Il m'a amenée en haut du courant du lagon avec l'annexe et nous avons sauté à l'eau en PMT, là nous nous sommes laissés dérivés survolant les coraux et les familles de poissons d'aquariums géants.

Tout à coup, une masse sombre s'est approchée, c'était une grosse tortue.

Je n'avais pas l'appareil photo, mais maintenant je sais où elle vit.

Ben a plongé plus profond et il en a croisé 2 autres.

Une famille!

C'est pas banal de se laver au milieu de tout ça le matin...

À plus les amis!

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